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L’intelligence

L’intelligence, qu’est-ce que c’est ? Quelque chose de capital, qui nous fait Hommes, puisque nous en vantons les mérites depuis un bail en comparant l’Homme à l’animal : nous comprenons le monde, nous ! Nous avons la capacité de nous adapter à des situation nouvelles, et même nous savons adapter notre environnement à nos besoins ! Mais cette vantardise ne dure pas, et laisse bientôt place à un formidable éclat de rire devant notre inconséquence, notre inhumanité même : nous, les êtres intelligents qui prétendons penser nos vies et vivre nos pensées, nous voilà qui faisons n'importe quoi ! Nous, les maîtres du monde, ne maîtrisons pas notre propre maîtrise : à quoi nous sert notre intelligence, sinon à faire des bêtises ?

Débat le 5 juillet 2013 à Forges les Eaux



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Ouvrons un dictionnaire. Nous trouvons l'intelligence définie comme "capacité à s'adapter", mais pas en pôle position. La première est beaucoup plus générale : par intelligence on entend d’abord la capacité de comprendre, de donner un sens à telle ou telle chose.” Il s’agit de saisir la cohérence des phénomènes, leur organisation logique. Un homme intelligent a conscience des connexions nécessaires qui lient cause et effet, il sait prévoir des événements en observant une situation donnée, parce qu’il a saisi le mécanisme qui les produit.

Le mathématicien est intelligent parce qu’il comprend les liens qui font s’enchaîner les formules. Et nous observons intelligemment un arc-en-ciel si nous pouvons expliquer ce phénomène en liant les couleurs observée aux lois des prismes, et y reconnaissant les lois de l’optique. L’intelligence embrasse par la pensée, elle comprend ce qu’elle appréhende. Le savoir ne fait qu’apporter des données pêle-mêle, il est la lampe toute bête éclairant la pensée, quand l’intelligence gère toutes les informations dont elle dispose : elle range, trie, classe, organise et, ô miracle, donne un sens aux choses au point de pouvoir élaborer des stratégies, de désigner des objectifs et de déterminer les moyens efficaces d’arriver à ses fins -lesquelles fins sont elles aussi données par l’intelligence.

Quelle capacité formidable ! Nous savons nous représenter le monde d’une façon assez cohérente pour y faire notre petit bonhomme de chemin. C’est à la fois dire que nous avons du pouvoir sur ce monde et qu’il est cohérent puisque nous pouvons le déchiffrer (selon Galilée, le monde est écrit en langage mathématique, il nous reste à savoir lire). Tout cela n’explique pas comment l’Homme délire au point de devenir le pire danger pour lui-même : beaucoup de thèses ont fleuri en fin de vingtième siècle, pour dénoncer le fait que malgré des avancées techniques et scientifiques prodigieuses, l’Homme n’a pas fait progresser son humanité, mais au contraire a reculé : un fatras de progrès techniques, et pas de progrès moraux chez cet être dit cohérent. L’Homme est barbare, fait guerres sur guerres, brûle les bibliothèques, génocide à tout va, anéhantit des cultures millénaires, détruit son propre environnement... Se ferait-il bête brute, abandonnerait-il sa conscience ? On peut le croire, surtout dans notre beau pays de France, détenteur du record de consommation de tranquillisants : la vivacité de l’esprit gêne, on montre l'intelligence du doigt, on l'accuse de tous les maux ! Chacun d'entre nous doit sans arrêt se faire violence pour parvenir à penser, tout nous invite à nous complaire dans l'abrutissement passif, si confortable qu'il devient un idéal.

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Du droit d’être con

Chacun a ses méthodes d’abrutissement : Gainsbourg, qui avait oublié d’être con, se réfugiait dans l’alcool, arguant que la lucidité devenait insupportable. Si, comme nous l’avons dit, l’intelligence est la capacité à saisir les événements dans leur processus logiques, il semble pour le moins incompréhensible qu’un être intelligent baisse les bras : en quoi pourrait-il être préférable de ne pas comprendre ?!
Le constat qui surgit est navrant : la pensée fatigue, et le réel en prend un sale coup. Il y a une terrible loi sociale qui oblige à l’inconscience partout dans le monde : dans toute civilisation on trouve un psychotrope consommé de façon usuelle. Partout se fait observer la loi des banquets énoncée par Érasme[1]: “Bois ou va-t-en !” Peut-être parce que nous avons été prétentieux en voulant donner un sens à ce monde qui n'en a pas, ou dont nous sommes incapable de saisir les réels tenants et aboutissants parce que cela nous dépasse, peut-être notre prétention ne sait plus s'arrêter à l’insupportable conscience de nos limites, auxquelles se heurte, justement, l’intelligence : nos capacités restent étroites, à jamais insuffisantes ; nos bras restent trop petits pour embrasser le monde, et retombent lourds de fatigue, nous faisant renoncer : “dans le doute absinthe toi”.

Le monde est fou !

Il y a trop de perspectives possibles sur ce petit monde pour qu’il nous soit donné : il n’y a pas qu’une vérité, appréhendée par une loi donnée une bonne fois pour toutes. Il y des intelligences. Les conceptions du monde sont multiples et contradictoires, quand bien même le monde n’est qu’un (ce qui le rend justement incompréhensible malgré sa promesse de rationalité). Il ne devrait y avoir qu’une intelligence digne de ce nom : scientifique, toujours pertinente -et de fait mesurable : on serait davantage intelligent à mesure qu’on comprendrait LA véritable marche de ce monde. Les démarches visant à mesurer l’intelligence ont pourtant ridiculement échoué. Tenez, quelques exemples, pour le plaisir :

  • Chauchard a calculé le «coefficient de céphalisation», pesé les cerveaux, et, constatant que le cerveau le plus lourd n’est pas humain, n’en a plus pesé que certaines parties, pour enfin affirmer que le cerveau humain est le plus gros qui soit dans sa catégorie, et conférer de la sorte à l’Homme une supériorité sur toutes les autres créatures. Nous ne sommes pas loin d’une évaluation établie en vue de mettre l’Homme sur son piédestal.
  • Aussi anthropocentriste, le calcul du quotient intellectuel a «montré» que le singe est moins intelligent, puisque ses résultats sont médiocres, et que l’Homme est le plus intelligent des animaux, puisqu’il obtient le meilleur résultat -à des tests évidemment conçus pour des hommes -et encore, certains hommes...
  • Les enfants Genevois ont un Q.I. plus élevé que les enfants de Ouagadougou : de là à dire qu’ils sont moins intelligents... Préférons affirmer que leur culture et leur système scolaire sont très différents, au point que leurs solutions apportées à un «problème genevois» seront fausses. Selon son milieu (de perception et d’action), l’Homme, parce que son expérience est différente, a une conscience différente des choses. Faire de cette altérité une preuve de supériorité n’est pas rationnel. Un excellent exemple cinématographique illustre ce piège éthnocentrique : pour le Boshiman du film Les dieux sont tombés sur la tête [2], « Les Hommes lourds [les Blancs] sont très bêtes, car ils sont incapables de lire une piste ». Les Blancs n’auraient pas obtenus de bons résultats à un QI élaboré par des Boschimans.

Chaque Homme juge, pense, conçoit, prend conscience de son milieu, selon sa culture. Les critères de l’intelligence sont culturellement établis et variables selon la culture qui les érige, sans que l’on puisse en inférer qu’une culture soit meilleure.

Il est difficile de distinguer l'objet à définir, « l'intelligence », des instruments conceptuels à l'aide desquels on pourrait le définir et, par ailleurs, de faire abstraction du système de valeurs sociales qu'il sous-tend. On a pu établir des classements entre les comportements humains en fonction de tâches de difficultés croissantes, mettant en œuvre des fonctions telles que l'induction, l'intuition, la créativité, la reconnaissance mnésique, la rapidité réactionnelle, l'adaptabilité sociale, etc. Mais les erreurs de jugement, les “flagrants délires”, persistent obstinément, comme si la rationalité des choses ne valait pas la peine d’être reconnue, ou comme si nous préférions ne pas la reconnaître en supposant que le monde délire avec nous.

François Housset

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Citations

ACTE DE COMPRENDRE

"L'intelligence des vérités de la foi."
Malebranche, Entretiens sur la métaphysique VII, II.

“La foi ne consiste plus qu’en crédulité, en préjugés ; et quels préjugés, vraiment ! De ceux qui réduisent des hommes raisonnables à l’état des bêtes, puisqu’ils empêchent, avec l’exercice libre du jugement, la distinction du vrai et du faux, puisqu’ils semblent inventés tout exprès afin d’éteindre la lumière de l’intelligence.”
SPINOZA. Traité des autorités théologiques et politiques.

"Dans le domaine de l'intelligence, la vertu d'humilité n'est pas autre chose que le pouvoir de l'attention."
Simone Weil, La pesanteur et la grâce. (1947)

"... L’intelligence, sa fonction est moins de comprendre que de "ne pas trop comprendre."
Ramon José Sender-Garcés, La Sphère (1972)

“L’homme intelligent se mesure à ce qu’il sait ne pas comprendre.”
HERRIOT, Notes et maximes>"L'intelligence est la faculté à l'aide de laquelle nous comprenons finalement que tout est incompréhensible."
Maurice Maeterlinck, La vie des termites, III.

« Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la composent, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ces données à l’analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l’univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle, et l’avenir, comme le passé, serait présent à ses yeux. »
Laplace, Introduction à la théorie analytique des probabilités.


ESPRIT : les âmes / les corps (les premières ne sont qu'intellectuelles, les seconds purement matériels)

"...de prétendues intelligences séparées."
Leibniz, Nouveaux essais, avant propos.

"Notre intelligence tient dans l'ordre des choses intelligibles le même rang que notre corps dans l'étendue de la nature."
Pascal Pensées


Morale

"Les hommes seraient plus intelligents s'ils étaient plus moraux."
Ludwig Börne, L'art de devenir un écrivain original en trois jours, revue Littoral, oct 1981

"Si le sens moral se développait en raison du développement de l'intelligence, il y aurait contrepoids et l'humanité grandirait, mais il arrive tout le contraire : la perception du bien et du mal s'obscurcit à mesure que l'intelligence s'éclaire ; la conscience se rétrécit à mesure que les idées s'élargissent."
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, chap. 4.


Lumière, révélation / science

"Il y a deux catégorie d'êtres intelligents : ceux dont l'esprit rayonne et ceux qui brillent : les premiers éclairent leur entourage, les second le plongent dans les ténèbres. "
Marie von Ebner-Eschenbach, Aphorismes

« La plus petite mousse, par ses harmonies, élève notre intelligence jusqu’à l’Intelligence qui veille aux destins de toute la terre. »
Bernardin de Saint-Pierre, Harmonies de la nature, I.

"Tout se tait : mon cœur seul parle dans ce silence.
La voix de l'univers, c'est mon intelligence. »
Lamartine, La Prière.

"...Une certaine simplicité du corps est en raison inverse de la simplicité de l'esprit, et, plus rudes deviennent les mœurs, plus fine et plus ailée se fait l'intelligence, s'efforçant sur les choses difficiles, et sur cela même qui paraissait simple dans l'armature occidentale."
Ernest Psichari, Le Voyage du centurion, chap. 5.

"Etre tenté, c'est être tenté, quand l'esprit dort, de céder aux raisons de l'intelligence."
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, chap. 7.


L'entendeMENT

"Je plains ceux qui ont l'air intelligent; c'est une promesse qu'on ne peut tenir."
Alain, Propos sur l'esthétique (1923)

"L'intelligence est caractérisée par la puissance indéfinie de décomposer suivant n'importe quelle loi et de recomposer suivant n'importe quel système."
Bergson, L'évolution créatrice.

"L'intelligence est caractérisée par la puissance indéfinie de décomposer suivant n'importe quelle loi et de recomposer suivant n'importe quel système."
Bergson, L'évolution créatrice.

"L'intelligence est un effort pour savoir de quoi on parle."
Yvon Belaval, Recherche de la poésie (1964)

"Si on ne suppose pas que les les hommes ont tous la même intelligence, et l'ont toute, il n'y à plus ni vérité ni erreur." Alain, Cahiers de Lorient (1964)

"L'intelligence est caractérisée par la puissance indéfinie de décomposer suivant n'importe quelle loi et de recomposer suivant n'importe quel système." Bergson, L'évolution créatrice.

"L'intelligence est caractérisée par la puissance indéfinie de décomposer suivant n'importe quelle loi et de recomposer suivant n'importe quel système." "L'intelligence est caractérisée par la puissance indéfinie de décomposer suivant n'importe quelle loi et de recomposer suivant n'importe quel système."
Bergson, L'évolution créatrice.

“il n’y a pas de bonheur intelligent.”
Jean ROSTAND, Pensée d’un biologiste.

“Il faut réhabiliter la pensée, caricaturée et salie dans le système scolaire. L’usage des manuels nous a complètement corrompus. Tout le dynamisme de la recherche, du tâtonnement, est perdu. On a affaire avec un corps mort.”
Michel LOBROT. Apprendre à vivre.

“Auteur vient du latin auctor, qui voulait dire “celui qui répond devant les tribunaux”, du point de vue juridique, ou celui qui signe l’aval sur les traites, qui se porte garant du fait que la traite sera payée. L’auteur, théoriquement, est celui qui se tient derrière quelqu’un qui ne l’est pas, qui n’est pas majeur... Il y a derrière celui-ci quelqu’un qui répond pour lui, ou qui se porte garant, parce qu’il est mineur ou insolvable. (...) Finalement, qu’est-ce que l’intelligence pour moi ? Ce serait ça : le risque qu’on prend à propos d’un objet quand on quitte ladite référence. Et ce pourquoi il y a une crise de l’intelligence actuellement, c’est que les gens se précipitent sur la référence au lieu de se précipiter sur l’objet. Au lieu de dire, qu’est-ce que l’intelligence, ils disent “Piaget dit de l’intelligence” ou “la philosophie marxiste dit de l’intelligence”... On ne va pas chercher l’objet, mais la sécurité par rapport à cet objet. Et ce faisant, on définit une sorte de discours qui, me paraît, oui, inintelligent. Serait intelligent celui qui aurait l’audace d’être auteur. D’être tout seul. Moi tout seul, je pense... bien sûr, je risque de me casser la figure, mais tant pis pour moi. Mais si je gagne, je ramasserai une mise bien supérieure à celui qui aura la référence. Si je perds, je veux bien payer. Cette intelligence-là, c’est un jeu risqué. La professionnalisation de l’activité intellectuelle me paraît désormais se diluer dans ladite référence. Je crois que le milieu est plus sot en étant plus efficace.”
Michel SERRES. La haute couture de la connaissance, in L’intelligence, Autrement 57/84.


INSTINCT : activité volontaire, adaptation réfléchie des moyens à des fins

"L'instinct achevé est la faculté d'utiliser et même de construire des instruments organisés ; l'intelligence achevée est la faculté de fabriquer et d'employer des instruments inorganisés."
Bergson, L'évolution créatrice (voir tout le chap. II sur instinct / intelligence)

"Nous ne sommes à notre aise que dans le discontinu, dans l'immobile, dans le mort. L'intelligence est caractérisée par une incompréhension naturelle de la vie."
Bergson, L'évolution créatrice

"Toute tendance à une fin implique l'intelligence."
Ravaisson, De l'habitude

"L'instinct dicte le devoir et l'intelligence fournit des pétextes pour l'éluder."
Proust, Le temps retrouvé.

“L’intelligence est la faculté qui fait que l’on s’abstient.”
MONTHERLANT, Carnets.

"L'être humain tel qu'il a été programmé devrait vivre cent vingt ou cent trente ans. mais il est le seul des êtres vivants à ne pas accomplir son cycle. Pourquoi ? Parce qu'il est intelligent."
Pierre Vellas (qui a créé les universités du 3è age)) Le troisième souffle (1977)

"Je chante le chien crotté, le chien pauvre, le chien sans domicile, le chien flâneur, le chien saltimbanque, le chien dont l'instinct, comme celui du pauvre, du bohémien et de l'histrion, est merveilleusement aiguillonné par la nécessité, cette si bonne mère, cette vraie patronne des intelligences !
Baudelaire, Le spleen de Paris, L, Les bons chiens.

"Originellement, nous ne pensons que pour agir. C'est dans le moule de l'action que notre intelligence a été coulée. La spéculation est un luxe, tandis que l'action est une nécessité."
Bergson, L'évolution créatrice.

"C'est parce que la foule est une masse inerte et incompréhensive et passive qu'il la faut frapper de temps en temps, pour qu'on connaisse à ses grognements d'ours où elle est -et où elle en est. Elle est assez inoffensive, malgré qu'elle soit le nombre, parce qu'elle combat contre l'intelligence."
Alfred Jarry, Questions de théâtre, "La Revue blanche", 1er janvier 1897.

“La liberté n'existe que là où l'intelligence et le courage parviennent à mordre sur la fatalité.”
R. CAILLOIS, L’Incertitude qui vient des rêves.

“S'il n'y avait rien de nouveau à faire, l'intelligence humaine cesserait-elle d'être nécessaire ? Serait-ce une raison pour ceux qui font les anciennes choses d'oublier pourquoi on les fait et de les faire comme du bétail, non comme des êtres humains ? Il y a dans les croyances et les pratiques les meilleures une tendance qui n'est que trop grande à dégénérer en action mécanique ; et, sans une succession de personnes dont l'originalité perpétuellement renouvelée empêche les raisons de ces croyances et pratiques de devenir purement traditionnelles, une telle matière morte ne résisterait pas au moindre choc de la part d'une quelconque chose vraiment vivante, et il n'y aurait pas de raison que la civilisation ne périsse pas, comme dans l'Empire byzantin. Il est vrai que les personnes de génie sont, et seront probablement toujours, une faible minorité ; mais pour les avoir, il est nécessaire de préserver le terreau dans lequel elles croissent.”
MILL, De la liberté, trad. G. Boss, Zurich


ENTENTE (de l’entente à l’entendement)

"Ces deux crétins semblaient vivre en parfaite intelligence."
Maurice Roche, Qui n'a pas vu Dieu n'a rien vu.

"Ne rien trouver ridicule est le signe de l'intelligence complete."
Valery Larbaud, A.O. Barnabooth (1913)

« Grâce à son intelligence, l’homme peut visser des boulons chez Renault jusqu’à soixante ans sans tirer sur sa laisse. »
Desprogres, Chroniques de la haine ordinaire. (1987)

"Notre tort est de rester indifférent à la gentillesse, à l'intelligence des autres."
Proust, Albertine disparue.

"L'intelligence défend la paix. L'intelligence a horreur de la guerre."
Paul Vaillant-Couturier, Au service de l'esprit, Pour la convocation des Etats généraux de l'intelligence française, Rapport présenté au Comité central du P.C.F. le 16 octobre 1936

"L'intelligence ne vaut qu'au service de l'amour (...) Ni l'intelligence, ni le jugement ne sont créateurs. Si le sculpteur n'est que science et intelligence, ses mains manqueront de génie."
Saint-Exupéry, Pilote de guerre, chap.7.


Comparaison d'intelligences

« L’intelligence chez l’homme, quoiqu’il en soit pourvu, il a toujours l’impression d’en avoir assez, vu que c’est avec ça qu’il juge ! »
Coluche, Les militaires

Le bon sens est la chose la mieux partagée car chacun pense en être si bien pourvu, que même ceux qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont. En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger, et de distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tout homme ; et qu'ainsi la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est l'appliquer bien. Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices aussi bien que des plus grandes vertus ; et ceux qui ne marchent que fort lentement, peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent et qui s'en éloignent.
Discours de la méthode, Descartes (1637)

“Inégalement réparties entre les hommes, les facultés intellectuelles et morales ne sont point, pour quelques-uns, un privilège. Nul ne possède toute la raison et tous y ont part. Tout pouvoir est donc tenu de prouver sa légitimité, et, à cette question, les juges ne manquent point.”
GUIZOT François, Philosophie politique : de la souveraineté, in Histoire de la civilisation en Europe.

“Il y a longtemps que je suis las d’entendre dire que l’un est intelligent et l’autre non... Chacun est juste aussi intelligent qu’il veut... Le langage aurait pu m’en instruire assez ; car imbécile veut exactement dire faible... Volonté, et j’aimerais encore mieux dire travail, voilà ce qui manque.”
ALAIN, Propos.

“Ce culte de l'homme a pour premier dogme l'autonomie de la raison et pour premier rite le libre examen. Or, dit-on, si toutes les opinions sont libres, par quel miracle seraient-elles harmoniques ? Si elles se forment sans se connaître et sans avoir à tenir compte les unes des autres, comment ne seraient-elles pas incohérentes ? L'anarchie intellectuelle et morale serait donc la suite inévitable du libéralisme. Tel est l'argument, toujours réfuté et toujours renaissant, que les éternels adversaires de la raison reprennent périodiquement, avec une persévérance que rien ne décourage, toutes les fois qu'une lassitude passagère de l'esprit humain le met davantage à leur merci. Oui, il est bien vrai que l'individualisme ne va pas sans un certain intellectualisme ; car la liberté de la pensée est la première des libertés. Mais, où a-t-on vu qu'il ait pour conséquence cette absurde infatuation de soi-même qui enfermerait chacun dans son sentiment propre et ferait le vide entre les intelligences ?”
DURKHEIM, “L’individualisme et les intellectuels”, in La Science sociale et l’action, PUF 1987, p. 268-272







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Notes

[1] Érasme, Éloge de la folie

[2] Jamie Uys, 1983

Commentaires

Cela a l'air d'une brocante d'idées

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