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La philosophie de la guerre prépare-t-elle la paix ?

Si vis pacem, para bellum : si tu veux la paix, prépare la guerre ! Mais la veux-tu, petit homme ? Tu présentes la guerre comme une fatalité, que tu programmes ! Tu prétends ne pas la vouloir, tu ne fais que t’y préparer !




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La plupart des États du monde consacrent leur plus gros budget à la guerre et tous clament leur volonté d’instaurer un état paisible... plus de 8000 traités de paix rompus ont été recensés : la paix est un objectif dont on se détourne ! Pourquoi ? L’état de guerre serait-il plus intéressant ?

Les Nations en paix entretiennent un appareil guerrier “pour garantir la paix” ou se préparer aux prochaines hostilités : la paix est un temps d’accalmie pour se préparer à la guerre. Inversement, les guerres sont faites pour contraindre l’ennemi à accepter la paix ! Faire la guerre pour avoir la paix, profiter de la paix pour préparer la guerre... paix et guerre s’enchevêtrent dans une dialectique infernale ! Qui a commencé ?

Au commencement était la guerre. Il n’y avait pas encore d’État ni d’armée, donc pas de conflit armé entre États, mais une guerre de tous contre tous, l’homme étant un loup pour l’homme. Arriva un Léviathan, l’État, le plus froid de tous les monstres froids (Nietzsche), soumettant tous les hommes ensemble à une loi commune. L’état de guerre permanente entre individus laissa place à l’état de guerre entre Nations.

Les Nations sont des louves entre elles. Faute d’un maître commun, toutes veulent faire autorité : la loi du plus fort règne encore, non plus entre les hommes, mais entre les Nations. Tant qu’il n’y aura pas de république universelle elles continueront à guerroyer toutes contre toutes. Ce constat amena Kant à rédiger son "Projet de paix perpétuelle", postulant qu’une délibération démocratique devait mettre d’accord les parties opposés. On pouvait les fédérer en une "Société des Nations"... Feu notre SDN prit ce nom pour rendre hommage au bel ouvrage. Combien de fois la SDN, puis l’ONU, se déclarèrent incompétentes, quand bien même leur seule raison d’être était d’empêcher la guerre ! Leurs échecs montrent-ils la petitesse de l’homme, policé mais incapable de se soumettre à l’intérêt commun ?

Il y a peu de Kant dans l’esprit des hommes, et beaucoup d’agressivité. La psychologie humaine ne se défait pas de ses pulsions agressives : la pacification définitive supposerait une amélioration du genre humain... Une simple volonté n’y peut rien, les guerres sont provoquées par des événements, des processus, des décisions qui échappent au contrôle des peuples concernés : la paix internationale ne peut être le produit de la psychologie individuelle ou interindividuelle.

La guerre permanente montre que nous sommes essentiellement des battants, des destructeurs. Notre vouloir-vivre violent est premier ; la paix, la sérénité, sont postérieures et transitoires. Si nous voulions et pouvions éviter les conflits, l’histoire ne connaîtrait pas son développement terrible nous obligeant à considérer l’homme comme homme de proie. Il y a dans sa haine un véritable attrait pour la destruction, donnant de la valeur aux énergies les plus formidables -c’est-à-dire les plus terribles : “mortelles !”

“On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs”, s’excusent les petits hommes pour se donner bonne conscience. Mais ils font l’omelette pour casser des œufs. Le goût de l’affirmation de sa puissance envers et contre toute autre puissance incline à sacrifier le plaisir de s’harmoniser au pur et puissant plaisir de vaincre. Il s’agit (ô paradoxe !) d’être monstrueusement exigeant, pour ne pas se satisfaire du respect d’autrui permettant une vie harmonieuse.
L’alternance guerre/paix constitue peut-être un cycle inhérent à la nature monstrueuse de l’homme. L’histoire donne raison aux doctrines pessimistes. Les optimistes espèrent la fin de cette sale histoire : dans les affaires humaines, les nécessités du passé ne sont jamais définitives et en fin de compte les efforts pour établir une paix assurée, c’est-à-dire pour dégager l’humanité de la dialectique guerre-paix, sont peut-être maintenant la seule lutte qui vaille.

François Housset
www.philovive.fr





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BIBLIOGRAPHIE

Kant : "Projet de paix perpétuelle". Sans République universelle, les États restent entre eux dans l'état de nature : ils continuent à préparer la guerre, à faire la guerre. Tant que cette situation dure, les droits de l'homme ne peuvent être institués : ils ne sont instituables qu'à l'échelle de l'humanité.

Nietzsche, "Ainsi parlait Zarathoustra" et Faye (Jean-Pierre), "Le vrai Nietzsche, guerre à la guerre", Hermann, 1998. Nietzsche trouve dans les vertus guerrières le meilleur aiguillon au dépassement de soi-même. Nietzsche s’oppose frontalement à la thèse kantienne de la paix perpétuelle par le droit : Nietzsche destitue la raison pratique (c’est-à-dire la référence principielle à un devoir-être idéal) comme relevant, au mieux, de l’illusion et, au pire, du mensonge, le droit n’étant lui-même qu’une expression plus ou mois masquée d’une force, ce que révèle la lecture de Thucydide (plus réaliste) qui nous apprend que le droit n’est que l’envers solidaire de la guerre et donc que la guerre et la paix sont de faux contraires. Le panbellicisme de Nietzsche n’est donc pas un appel débridé à la guerre barbare ou bestiale, mais une école de lucidité et de courage qui nous montre la voie d’une sublimation qui acquiesce à la vie en tâchant de l’embellir par l’art.


Allez, on s’accorde la place : voici un extrait de "Ainsi parlait Zarathoustra"

DE LA GUERRE ET DES GUERRIERS. "Nous ne voulons pas que nos meilleurs ennemis nous ménagent ni que nous soyons ménagés par ceux que nous aimons du fond du coeur. Laissez-moi donc vous dire la vérité ! Mes frères en la guerre ! Je vous aime du fond du coeur, je suis et je fus toujours votre semblable. Je suis aussi votre meilleur ennemi. Laissez-moi donc vous dire la vérité ! Je n’ignore pas la haine et l’envie de votre coeur. Vous n’êtes pas assez grands pour ne pas connaître la haine et l’envie. Soyez donc assez grands pour ne pas en avoir honte ! Et si vous ne pouvez pas être les saints de la connaissance, soyez-en du moins les guerriers. Les guerriers de la connaissance sont les compagnons et les précurseurs de cette sainteté. Je vois beaucoup de soldats : puissé-je voir beaucoup de guerriers ! On appelle “uniforme” ce qu’ils portent : que ce qu’ils cachent dessous ne soit pas uni-forme ! Vous devez être de ceux dont l’oeil cherche toujours un ennemi- votre ennemi. Et chez quelques-uns d’entre vous il y a de la haine à première vue. Vous devez chercher votre ennemi et faire votre guerre, une guerre pour vos pensées ! Et si votre pensée succombe, votre loyauté doit néanmoins crier victoire ! Vous devez aimer la paix comme un moyen de guerres nouvelles. Et la courte paix plus que la longue. Je ne vous conseille pas le travail, mais la lutte. Je ne vous conseille pas la paix, mais la victoire. Que votre travail soit une lutte, que votre paix soit une victoire ! On ne peut se taire et rester tranquille, que lorsque l’on a des flèches et un arc : autrement on bavarde et on se dispute. Que votre paix soit une victoire ! Vous dites que c’est la bonne cause qui sanctifie même la guerre ? Je vous dis : c’est la bonne guerre qui sanctifie toute cause. La guerre et le courage ont fait plus de grandes choses que l’amour du prochain. Ce n’est pas votre pitié, mais votre bravoure qui sauva jusqu’à présent les victimes. Qu’est-ce qui est bien ? demandez-vous. Être brave, voilà qui est bien."
Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra

Hobbes, Léviathan, 1° partie, chap. XIII Le problème de la guerre est celui de l'altérité. "De l'égalité procède la défiance". De cette égalité fondamentale qui concerne la possibilité d'accaparer une même chose, on arrive à la défiance. "De la défiance procède la guerre". Chacun, sachant qu'il risque d'être attaqué par les autres, va attaquer pour acquérir une puissance allant au-delà de celle qui lui est nécessaire. Ceux qui n'avaient que la puissance strictement nécessaire cherchent alors à en avoir plus que les autres, d'où une escalade dans la violence : "en raison de ce qu'il y a des gens qui prennent plaisir à affirmer leur propre puissance par des actes de conquête poursuivis au-delà de ce que réclame leur sécurité, d'autres qui dans des circonstances se seraient retrouvés heureux et à l'aise dans de modestes frontières ne pourraient subsister longtemps en restant seulement sur la défensive s'ils n'augmentaient pas leur puissance en attaquant." Chacun tient à ce que son voisin l'estime autant qu'il s'estime lui-même, or on n'estime jamais quelqu'un autant qu'il s'estime. C'est pourquoi il faut battre l'autre pour forcer son respect.

Joseph de Maistre Les soirées de Saint-Pétersbourg Plus belliciste, tu meurs ! Ce “bon chrétien savoyard” fut le plus grand glorificateur de la guerre comme moyen de fortifier la nature humaine. J. de Maistre a recours au dogme théologique de la réversibilité des peines pour expliquer le problème que pose « la guerre en soi » et qui lui paraît être d’ordre métaphysique, c’est-à-dire dépasser la science et le sens commun. Cette explication n’a qu’un inconvénient, celui de laisser à la guerre un caractère mystique et de ruiner l’espoir d’y mettre fin. “La terre entière, continuellement imbibée de sang, n'est qu'un autel immense où tout ce qui vit doit être immolé sans fin, sans mesure, sans relâche, jusqu'à la consommation des choses, jusqu'à l'extinction du mal, jusqu'à la mort de la mort.” “La guerre est donc divine en elle-même, puisque c'est une loi du monde.”

Clausewitz De la guerre « La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens. » La proposition de Clausewitz, devenue proverbe, est souvent incomprise. Le rapport de la guerre à la politique ne se laisse pas réduire au rapport du moyen et de la fin. La guerre a son but propre et la fin politique doit en tenir compte : « Dans la guerre, tout est soumis à cette loi suprême qu’est la décision par les armes ; que l’ennemi y recoure effectivement et on ne saurait récuser un tel appel, et par conséquent le belligérant qui veut s’engager dans une autre voie doit être sûr que l’adversaire n’aura pas recours à cet appel, sous peine de perdre sa cause devant ce tribunal suprême. » Le rapport guerre-politique n’est, en son fond, pas un rapport moyen-fin mais un rapport complexe : but (militaire) - fin (politique).

Gaston Bouthoul, Le phénomène-guerre : définit clairement les ambitions d’un pacifisme scientifique, à partir d’une analyse rigoureuse : la principale fonction sociologique de la guerre serait d’être en même temps qu’un exutoire aux impulsions collectives, un processus de “rééquilibration démo-économique”

Karl Von Clausewitz, De la guerre : considère la guerre comme un instrument de la politique : acte de violence destiné à contraindre l’adversaire, la guerre, faite avec toute la puissance de la nation, est soumise aux intérêts de celle-ci.

Roger Caillois, Bellone ou la pente de la guerre : étude de la transformation des armements et conduite de la guerre dans son rapport aux structures sociales.

Georges Dumézyl : Le costume de guerre du dernier Darius : rôle de la caste des guerriers dans l’histoire antique, dans la mythologie et la hiérarchisation sociale de presque tous les peuples indo-européens.

Toqueville, De la démocratie en Amérique, t. II, 3è partie : les militaires font courir des dangers à toute démocratie. Le remède est dans le pays lui-même. C’est “avec des citoyens éclairés, fermes et libres, qu’on fait des soldats obéissants et disciplinés.” Il s’agit donc de “faire entrer l’esprit général de la nation dans l’esprit particulier de l’armée “

Ruth Bendict, "Le chrysanthème et le sabre". Établit une distinction classique entre les cultures dionysiennes, où les vertus guerrières sont exaltées, et les cultures apolliniennes qui ont pour idéal une vie collective pacifique (Mais les Indiens Zunis, cités comme exemples de cette seconde catégorie, font par leur histoire la preuve que même les tribus les plus apolliniennes ont des dieux de la guerre (peu estimés il est vrai) et savent prendre les armes pour se dresser contre d’autres tribus qui les menacent).

Charles De Gaulle, "Le fil de l’épée" : la guerre est l’expresssion la plus complète de l’esprit de la société.

Hegel, "Principes de la philosophie du droit" : voit en la guerre le moment où l’État se réalise pleinement.







CITATIONS & EXTRAITS

“Les peuples et les États n’ont trouvé jusqu’à ce jour aucune raison forte ni concrète de s’associer, pour instaurer entre eux une trêve longue, sauf l’idée formelle d’une paix perpétuelle, abstraite et dérisoire parce que les nations pouvaient se considérer, prises ensemble, comme seules au monde. Rien ni personne ni aucun collectif ne se trouvait au-dessus d’elles, et donc aucune raison. Depuis que Dieu est mort, ne nous reste que la guerre. Mais dès lors que le monde même entre avec leur assemblée, même conflictuelle, dans un contrat naturel, il donne la raison de la paix, en même temps que la transcendance recherchée. Nous devons décider la paix entre nous pour sauvegarder le monde et la paix avec le monde afin de nous sauvegarder.” Michel Serres, Le contrat naturel,1990, Champs Flammarion p. 47

“Vous savez ce que c’est que l’Irak ? C’est un pays entre deux fleuves. Au milieu du Tigre et de l’Euphrate il y a un endroit qui s’appelle l’Eden et c’est là où les juifs, les musulmans, les chrétiens et même les athées reconnaisent l’origine du monde. C’est le Paradis. Dix mille, vingt mille, cinquante mille tonnes de bombes sur le paradis : quel symbole extraordinaire !” Michel Serres


La "bonne guerre" : on a attaché à la guerre l'honneur, la noblesse et la gloire...

"Cependant, cet honneur, cette noblesse et cette gloire consistent seulement en la défense de sa religion, de sa patrie, de ses biens et de sa personne, contre des tyrans et d'injustes agresseurs. Il faut donc reconnaître que la guerre sera légitime ou illégitime, selon la cause qui la produira ; la guerre est légitime, si elle se fait pour des raisons évidemment justes ; elle est illégitime, si on la fait sans une raison juste et suffisante. Les souverains sentant la force de cette vérité, ont grand soin de répandre des manifestes pour justifier la guerre qu'ils entreprennent, tandis qu'ils cachent soigneusement au public, ou qu'ils se cachent à eux-mêmes les vrais motifs qui les déterminent." De Jaucourt, Encyclopédie, "Guerre"

“Aucun État, en guerre avec un autre, ne doit se permettre des hostilités de nature à rendre impossible la confiance réciproque lors de la paix future.” Kant, Projet de paix perpétuelle.

“Il est juste que ce qui est juste soit suivi, il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi. La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique... Il faut donc mettre ensemble la justice et la force ; et pour cela faire que ce qui est juste soit fort, ou que ce qui est fort soit juste... ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste.” Pascal, Pensées 298

“Toutes choses humaines sont trop changeantes pour pouvoir être soumises à des principes de justice permanents. C'est la nécessité plutôt que l'intention morale qui détermine dans chaque cas quelle est la conduite sensée à tenir. C'est pourquoi la société civile ne peut pas même aspirer à être juste purement et simplement.” Léo Strauss, Droit naturel et histoire

La cité fut militaire avant d'être économique "Le sociologue me dit : "On serait tenté d'expliquer toute l'organisation sociale par le besoin de manger et de se vêtir, l'Économique dominant et expliquant alors tout le reste ; seulement il est probable que le besoin de d'organisation est antérieur au besoin de manger. On connaît des peuplades heureuses qui n'ont point besoin de vêtements et cueillent leur nourriture en étendant la main ; or elles ont des rois, des prêtres, des institutions, des lois, une police ; j'en conclus que l'homme est citoyen par nature, et qu'il aime l'administration pour elle-même. -J'en conclus, lui dis-je, autre chose, c'est que l'Économique n'est pas le premier des besoins. Le sommeil est bien plus tyrannique que la faim. On conçoit un état où l'homme se nourrirait sans peine ; mais rien ne le dispensera de dormir ; si fort et si audacieux qu'il soit, il sera sans perceptions, et par conséquent sans défense, pendant le tiers de sa vie à peu près. Il est donc probable que ses premières inquiétudes lui vinrent de ce besoin-là ; il organisa le sommeil et la veille : les uns montèrent la garde pendant que les autres dormaient ; telle fut la première esquisse de la cité. La cité fut militaire avant d'être économique. Ces sauvages, dont vous parlez, avaient à se défendre contre leurs voisins, contre les fauves, contre les serpents. Je crois que la Société est fille de la peur, et non pas de la faim. Bien mieux, je dirais que le premier effet de la faim a du être de disperser les hommes plutôt que de les rassembler, tous allant chercher leur nourriture justement dans les régions les moins explorées. Seulement, tandis que le désir les dispersait, la peur les rassemblait. Le matin, ils sentaient la faim et devenaient anarchistes. Mais le soir ils sentaient la fatigue et la peur, et ils aimaient les lois. Ainsi, puisque vous vous plaisez à défaire le tissu social afin de comprendre comment il est fait, n'oubliez pas que la relation "militaire" est le soutien de toutes les autres, et comme le canevas qui porte la tapisserie." Alain, Propos sur les pouvoirs, 22 juillet 1908


Lettre de Boris Vian à Paul Faber, conseiller municipal de Paris, ancien combattant, qui a demandé au préfet de la Seine d’interdire Le déserteur à la radio et a voulu, à la fin de 1955, porter plainte pour outrage aux forces armées :

“De deux choses l’une : ancien combattant, vous battiez-vous pour la paix ou pour le plaisir ? Si vous vous battiez pour la paix, ce que j’ose espérer, ne tombez pas sur quelqu’un qui est du même bord que vous, et répondez à la question suivante : si l’on n’attaque pas la guerre pendant la paix, quand aura-t-on le droit de l’attaquer ? Ou alors, vous “aimiez” la guerre -et vous vous battiez pour le plaisir ? (...) Appellerez- vous une bonne guerre celle que l’on a tenté de faire mener aux soldats français en1940 ? Mal armés, mal guidés, mal informés (...), les soldats de 1940 ont donné au monde une leçon d’intelligence en refusant le combat ; ceux qui étaient en mesure de le faire se sont battus -et fort bien battus ; mais le beau geste qui consiste à se faire tuer pour rien n’est plus de mise aujourd’hui que l’on tue mécaniquement (...) D’ailleurs mourir pour la patrie, c’est fort bien ; encore faut-il ne pas mourir tous -car où sera la patrie ? Ce n’est pas la terre -ce sont les gens, la patrie. Ce ne sont pas les soldats : ce sont les civils que l’on est censé défendre -et les soldats n’ont rien de plus pressé que de redevenir civils, car cela signifie que la guerre est terminée (...) Croyez-moi... “ancien combattant”, c’est un mot dangereux ; on ne devrait pas se vanter d’avoir fait la guerre, on devrait le regretter -un ancien combattant est mieux placé que quiconque pour haïr la guerre. Presque tous les déserteurs sont des “anciens combattants” qui n’ont pas eu la force d’aller jusqu’au bout du combat. Et qui leur jettera la pierre ? Non... si ma chanson peut déplaire, ce n’est pas à un ancien combattant, cher monsieur Faber.” Philippe Boggio, Boris Vian, Flammarion, 1993, p.363.

-Est-il juste de nuire aux méchants et d’être utile aux bon ? Même pas : «ceux d’entre les hommes à qui l’on fait du mal deviennent nécessairement pires.» «Par conséquent, ce n’est pas l’effet du juste de nuire». Platon, République I/335c

"Un bon soldat ne doit penser qu'à trois choses : 1 Au roi, 2 à Dieu, 3 à rien." Proverbe allemand

"La guerre justifie l'existence des militaires tout en les supprimant." Henri Jeanson

« La légitime défense devient particulièrement compliquée si nous avons à nous soucier de ce que l’autre peut tirer sur nous pour nous empêcher de tirer sur lui pour l’empêcher de tirer sur nous » T. C. Schelling





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Commentaires

Etant étudiant je ne suis pas le mieux à même pour juger mais cette explication m'a été très agréable à lire et à comprendre. Merci ;)

Avec plaisir !

Je n'étais pas allée sur le site depuis longtemps.. En y repensant, j'y fais un petit tour et voila que je tombe sur ce texte, inspiré du sujet que j'ai moi-même proposé !
Je trouve ça très intéressant, j'en apprend encore (Kant et son "Projet de paix perpétuelle", etc..) et j'adore.
Il parait que vous êtes un prof de philo formidable, qui anime, ou du moins essaye d'animer ses cours (Dixit Théo. R). Je crois que ça aurait été un plaisir d'écouter l'un de vos cours.

Bonne continuation,
Marie.

Merci Marie ! Ravi de votre intérêt !

Super exposé philosophique sur la guerre : précis, simple d'accès , complet ! Merci beaucoup pour votre travail philosophique, très plaisant à lire

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