Pourquoi le progrès scientifique n'a-t-il pas fait disparaître les religions ?
Par François HOUSSET | Les Textes #197 | commenter | |
Pourquoi le progrès scientifique n'a-t-il pas fait disparaître les religions ?
Cette question n'est pas innocente. Elle suggère que le passage graduel (progressif) des sciences à une transformation positive aurait du être négatif pour les religions ! On devrait donc s'étonner que les sciences, en repoussant les frontières du connu, n'aient pas (ou pas encore) supplanté les religions.
Pour trouver surprenant que les sciences n'aient pas chassé les religions, il faut partir du présupposé que les croyances religieuses sont menacées par les vérités scientifiques. Les religions ne se basent-elles pas sur la croyance en une réalité dont l'existence est incertaine, indémontrable, tout au contraire de la science ?
La science ne suffit-elle donc pas (ou pas encore) ?
Pourra-t-elle un jour répondre à toutes nos questions et rendre la religion superflue ?
La religion compense-t-elle encore d'éventuelles insuffisances de la science ?
Pourquoi ne suffit-il pas (ou pas encore) de savoir pour ne plus croire ?
Pourquoi le progrès scientifique devrait-il supplanter les religions ? Historiquement, le déclin progressif des croyances religieuses semble corrélé avec le progrès des sciences. Nous ne sommes plus au temps où Agamemnon sacrifiait sa fille Iphigénie dans l'espoir d'un vent favorable pour ses voiliers : les progrès de la météorologie ont rendu dérisoires les rituels implorant les faveurs d'un dieu. La démarche scientifique est devenue plus pertinente. Si scientifiques et religieux ont la même prétention d'accéder à la vérité, la démarche religieuse s’appuie sur des dogmes réclamant la croyance faute de démonstration rationnelle. Science et religion se sont opposées, et s’opposent encore, parce que la religion refuse ce qui entre en contradiction avec les textes sacrés : Galilée fut condamné par l'Inquisition, la théorie de l'évolution de Darwin fut combattue... et l'histoire a donné raison à la science : ses arguments, ses preuves, ont pris le pas sur les explications faisant appel à un au-delà mystérieux. Galilée a été condamné pour avoir contredit un texte sacré : la religion s'est alors présentée comme ennemie de la science. Si la science a évidemment gagné sur ce point, la religion n'a-t-elle pas tout aussi évidemment perdu, ne doit-elle pas s'en trouver défaite avec ses illusions dénoncées comme telles ? Darwin, en publiant l'évolution des espèces, n'a-t-il pas réfuté la thèse religieuse faisant de l'homme un être à part ? En reconnaissant l'erreur de la religion, n'a-t-il pas montré le tort de la religion ? La religion pouvait-elle s'en remettre ? Sinon, que fait-elle encore debout ? La science triomphe : la religion doit s'avouer vaincue. Disparaître. Et pourtant les temples tiennent toujours debout, on y prie, on y prêche encore les mêmes vérités. Pourquoi diable ?