‘’Lorsqu’un gouvernement commet un abus de pouvoir, c’est que ce pouvoir commence à lui échapper. ‘’

Ainsi parlait Jack Lang au lendemain de la mort de Malik Oussekine. Comme le gouvernement de l’époque, impopulaire, perdit effectivement son pouvoir, on est tenté de reconnaître qu’une autorité est seulement accordée, supportée, et qu'elle est perdue dès que les bornes sont dépassées.
Reste à situer ces bornes. Elles paraissent dès l’abord toutes subjectives. Papon a permis le massacre de centaines d’Algérien à Paris en une nuit d’octobre 1961. Les Parisiens n’ont pas bronché. Ils ont plutôt participé à l’événement. Ce drame a été effacé de la mémoire collective, il n’y a même jamais pris place, occulté par Charonne, au mois de février suivant (les 8 morts y étaient de “bons français”, blancs et communistes) : alors cinq cent mille Français manifestèrent, protestant contre cet inacceptable abus... À croire que le droit ne trace pas de frontière nette entre le respect et le crime organisé.