L’ivresse : un problème énorme. D’abord un problème de santé publique : tout psychotrope est toxique. On en peut mourir. Les hécatombes s'enchaînent. Plus généralement, l’ivresse est un problème humain. Toute l’humanité est concernée car il n’y a pas de société sans psychotrope. C’est encore un problème psychologique : que se passe-t-il dans la tête de celui qui, résolument, perd la tête ? Comment parvient-on à l’abandon résolu de sa propre conscience ?

C’est encore un problème moral : faut-il prescrire un droit à la débauche ? Entre la sobriété d’un rationalisme lourdingue et la déchéance de l’ivrogne, y’a-t-il un juste milieu à tolérer, quelque tempérance de funambule, ou n’y a-t-il qu’une marge de manœuvre aussi fine que le delirium -très mince ? Le problème qui finalement les rassemble tous est épistémologique : in vino veritas, en vin vérité ! L’ivresse a pour premier effet de changer la perception du monde, vacillant, titubant, se donnant comme par miracle. Révélation !?