PhiloVIVE ! La philosophie orale et vivante

 

PEUT-ON APPRENDRE À PENSER ?

Se forger ses propres idées : belle ambition ! Belle obligation surtout : il faut penser sa vie, vivre sa pensée. Mais cette faculté de penser s'acquiert-elle ? Qu'apprend on quand on apprend quelque chose ?
On apprend à suivre des modèles, et à se conformer à des méthodes éprouvées : on apprend à cadrer la pensée... pas à la fabriquer ! Et pourquoi apprendre à penser alors que l'on pense déjà ? Apprendre à penser paraît inutile. Inutile de fabriquer ce qui est déjà là : nous pensons donc nous sommes, tous autant que nous sommes. Chacun se forme ses idées singulières, tout homme pense “naturellement”, aussi "naturellement" que l'homme est un "animal politique", selon l'expression d'Aristote. La pensée est donc "naturelle" en ce sens. Naturelle et pourtant perfectible ! Et façonnable !

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On apprend à penser comme on apprend à vivre : sur le tas. On a pris l’habitude de vivre avant toute leçon de savoir vivre, on pense naturellement, avant même de rencontrer le pédagogue et ses méthodes. Chaque événement est une expérience, et peut être une bonne leçon : le maître à penser sera un aussi bon professeur que le cailloux sur lequel on dérape et qui nous apprend l’équilibre.

Il est impossible d’appréhender le monde sans logique : ce sont nos expériences qui font tout ce qui se passe dans nos têtes -sensations, imaginations, désirs, soucis, peines, joies, peurs, etc. Nous ne cessons d’intégrer de nouvelles informations, de leur donner du sens, de les organiser, de les hiérarchiser, et donc de juger.


Les études doivent avoir pour but de donner à l’esprit une direction qui lui permette de porter des jugements solides et vrais sur tout ce qui se présente à lui."
Descartes, Règles pour la direction de l'esprit


Dans notre société, nous faisons des études plutôt pour avoir des diplômes que pour acquérir un jugement droit sur toutes choses. Les potaches, qui cherchent plus à entrer dans des moules qu’à devenir libres penseurs, préfèrent la formation à la délibération. La pensée singulière devient superflue, voire gênante. Pourquoi s’embarrasser à penser sa vie quand il existe déjà tant de pensées déjà toutes faites, et dont nos précepteurs vantent les qualités éprouvées ?

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Un pédagogue soucieux du libre arbitre de son élève l’inviterait à manipuler lui-même les concepts jusqu’à les faire siens, pour les associer en une construction originale. Il lui montrerait comment casser ses propres moules, comment désapprendre en somme. "Faire avec" tous ces programmes ingurgités pour ne pas être qu'un disque dur bien formaté, ou qu'un logiciel fonctionnel.
Penser, c'est juger. Trancher. Dans le vif. Il faut vivre sa pensée pour penser sa vie. Inversement, il faut "avoir une idée derrière la tête" pour se projetter dans la vie avec des projets. Il faut avoir pris des leçons, et les appliquer, les vérifier, voire les délaisser si elles sont inefficientes. Il faut avoir appris, en suivant d'autres pensées que les siennes, pour pouvoir “désapprendre”, en ne suivant plus que soi.

Avoir ses propres idées est un luxe essentiel : c'est s'être fait son opinion, avoir choisi sa vie. La reconsidération de ses propres idées permet qu’aucune parole d'’aucun précepteur ne fasse autorité : l’élève devient maître quand il appréhende sans guide les infinies combinaisons des possibles. On ne pense véritablement qu’en toute liberté. Une liberté réfléchie, prise en toute connaissance de cause, permettant de décider en son âme et conscience dans chaque évènement de sa vie.

Cela demande un certain courage. Penser, c’est lâcher la pensée des autres pour se faire seul ses idées, au risque de se planter, de s’isoler. Pour orienter l'élève, plutôt que lui apprendre à s'orienter, nombreux sont les pédagogues désirant formater les esprits, "pour leur bien", en arguant que penser c’est se mettre en danger ! Oui, penser est dangereux, or un esprit mort ne mord pas. Le véritable risque est justement d’avoir peur de penser, au point de se réfugier dans quelque “pensée” déjà toute faite, pour ne pas laisser son cerveau aller à l’aventure. Bien vite figé dans les idées arrêtées, l’esprit se pétrifie dans le confort intellectuel qui consiste à penser comme tout le monde.

Nos systèmes d’enseignement nous offrent de nombreuses pédagogies. Leur diversité est une chance. Un enseignant propose une méthode, un autre en propose une autre... On apprend des logiques contradictoires, la pensée ne peut donc être automatisée, elle sortira des ornières de gré ou de force, parce que les rails qu’elle est poussée à suivre divergent. Il faudra n’en choisir qu’un, et assumer ce choix, ou n'en vouloir aucun et tracer sa route. Seul l’esprit critique permet de distinguer les nuances de couleurs là où la masse voit du gris. Il ne s’enseigne point : on le découvre en refusant de suivre un enseignement. Penser, c'est réfuter.

François Housset

www.philovive.fr



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Bibliographie

  • Descartes, ''Règles pour la direction de l'esprit”

  • Kant, La Logique : “On peut d’une certaine façon apprendre la philosophie sans être capable de philosopher. Donc celui qui veut devenir vraiment philosophe doit s’exercer à faire de sa raison non un usage d’imitation et pour ainsi dire mécanique, mais un usage libre.”
    Prolégomènes à toute métaphysique : comment établir les conditions objectives d'une connaissance universelle et nécessaire. En particulier, paragraphes 13, 14, 36.

  • Thomas De Koninck, La crise de l'éducation

  • Jean-François Chazerans dir., Apprendre en philosophant

  • Michel Tozzi : Penser par soi-même
  • Michel Onfray : Antimanuel de philosophie
  • Philippe Meirieu : Apprendre... oui, mais comment
  • « La Philosophie, une École de la Liberté » (étude publiée par l'UNESCO, dont le texte peut être téléchargé sur le site de l'UNESCO, en cliquant ici).
  • La pédagogie à visage humain, Reuven Feuerstein, Antoine Spire

  • Apprendre à penser : le programme de R. Feuerstein : une issue à l'échec scolaire. Rosine Debray

  • L'enfant et la peur d'apprendre, Serge Boimare

  • La formidable école Castête Jack Prelutsky et Lane Smith, - D´après le docteur Seuss.

  • ARENDT H. La crise de la culture.

  • AUMONT B. et MESNIER P.M. L’acte d’apprendre.

  • BEILLEROT, J. L’éducation en débat : la fin des certitudes.

  • TROCME-FABRE H. Réinventer le métier d’apprendre.




ILS ONT DIT...


«Ce qu’il s’agit de former avant tout, c’est le jugement critique ; lui seul rend autonome, libre. Ainsi le défi ultime de l’enseignement est-il de susciter une autonomie culturelle suffisante chez l’étudiant pour qu’il puisse exceller en ce qu’il fera et surtout puisse vivre dans la richesse du concret. Que, bien plus profondément encore, le jeune puisse s’éveiller à la vie dans ses manifestations les plus riches, éprouver et partager la vie elle-même en ce qu’elle a de meilleur.»
Thomas De Koninck, La crise de l'éducation

“La pensée qui se contemple seulement n’est qu’ennui ou tristesse... Il faut s’y mettre. Le désir retombe, qui ne s’achève en volonté. Et ces remarques suffisent pour juger les psychologues qui voudraient que chacun étudie ses propres pensées comme on fait des herbes et des coquillages. Mais penser c’est vouloir.”
Alain, Propos sur le bonheur. (Cité par Sartre, dans une belle Lettre à Simone Jolivet, 1926.)

"Un bon soldat ne doit penser qu'à trois choses : 1 Au roi, 2 à Dieu, 3 à rien."
Proverbe allemand

“Dans les espaces immenses de l’erreur, la vérité n’est qu’un point. Qui l’a saisi ce point unique ? Chacun prétend que c’est lui ; mais sur quelle preuve ?... Chaque homme répond de son âme. C’est donc à lui seul, à se décider sur un choix, d’où dépend à jamais sa perte ou son salut. Vous voulez m’obliger à penser comme vous ! Et si vous vous trompez, voyez ce qu’il m’en coûte !“
Marmontel, Belisaire, 1767

“Penser c’est dire non. Remarquez comme le signe du oui est d’un homme qui s’endort. Au contraire le réveil secoue la tête et dit non. Réfléchir c’est nier ce que l’on croit.”
Alain, Propos sur la religion. (414)

L'activité de penser est aussi incessante, aussi répétitive que la vie, et la question de savoir si la pensée a un sens se ramène à l'énigme sans réponse du sens de la vie ; ses processus imprègnent si profondément la totalité de l'existence humaine que son commencement et sa fin coïncident avec ceux de la vie elle-même.
Arendt, Condition de l'homme moderne.

“Il ne s’agit pas d’enchaîner indéfiniment les concepts ou les démonstrations mais d’accéder enfin au réel qui les justifie, les contient, et, quand il est atteint, en dispense.”
Comte-Sponville : Vivre. Conclusion.

“On peut d’une certaine façon apprendre la philosophie sans être capable de philosopher. Donc celui qui veut devenir vraiment philosophe doit s’exercer à faire de sa raison non un usage d’imitation et pour ainsi dire mécanique, mais un usage libre.”
KantLa Logique, Intro III

“Le temple se souvient du temple, et l’ornement se souvient du trophée et le carrosse se souvient de la chaise à porteurs. Qui n’imite point n’invente point.”
Alain, Propos, 1922.

"L'enfant apprend en croyant l'adulte. Le doute vient après la croyance."
Wittgenstein. De la certitude (160)

“Les grandes idées sont comme l’air : tout le monde les respire, tout le monde s’en nourrit.”
Alain, 18 oct 1909

“Il faut réhabiliter la pensée, caricaturée et salie dans le système scolaire. L’usage des manuels nous a complètement corrompus. Tout le dynamisme de la recherche, du tâtonnement, est perdu. On a affaire avec un corps mort.”
Michel Lobrot. Apprendre à vivre.

“Penser, ce n’est pas avoir des idées, c’est les former.”
Michel des Castillo

“Sartre s’intéressait à tout et ne prenait jamais rien pour accordé. Face à un objet, au lieu de l’escamoter au profit ... d’une idée préconçue, il le regardait ; il ne le lâchait pas avant d’en avoir compris les tenants et les aboutissants, les multiples sens. Il ne se demandait pas ce qu’il fallait penser, ce qu’il eût été piquant ou intelligent de penser : seulement ce qu’il pensait... Obstinée, naïve, son attention saisissait dans leur profusion les choses toutes vives“
Simone de Beauvoir. Mémoires d’une jeune fille rangée.

“L’entendement est limité... la volonté... infinie... de là vient que bien souvent nous donnons notre consentement à des choses dont nous n’avons jamais eu qu’une connaissance fort confuse.”
Descartes, Principes de philosophie.

“L’homme intelligent se mesure à ce qu’il sait ne pas comprendre.”
Herriot, Notes et maximes

“Auteur vient du latin auctor, qui voulait dire “celui qui répond devant les tribunaux”, du point de vue juridique, ou celui qui signe l’aval sur les traites, qui se porte garant du fait que la traite sera payée. L’auteur, théoriquement, est celui qui se tient derrière quelqu’un qui ne l’est pas, qui n’est pas majeur... Il y a derrière celui-ci quelqu’un qui répond pour lui, ou qui se porte garant, parce qu’il est mineur ou insolvable. (...) Finalement, qu’est-ce que l’intelligence pour moi ? Ce serait ça : le risque qu’on prend à propos d’un objet quand on quitte ladite référence. Et ce pourquoi il y a une crise de l’intelligence actuellement, c’est que les gens se précipitent sur la référence au lieu de se précipiter sur l’objet. Au lieu de dire, qu’est-ce que l’intelligence, ils disent “Piaget dit de l’intelligence” ou “la philosophie marxiste dit de l’intelligence”... On ne va pas chercher l’objet, mais la sécurité par rapport à cet objet. Et ce faisant, on définit une sorte de discours qui, me paraît, oui, inintelligent. Serait intelligent celui qui aurait l’audace d’être auteur. D’être tout seul. Moi tout seul, je pense... bien sûr, je risque de me casser la figure, mais tant pis pour moi. Mais si je gagne, je ramasserai une mise bien supérieure à celui qui aura la référence. Si je perds, je veux bien payer. Cette intelligence-là, c’est un jeu risqué. La professionnalisation de l’activité intellectuelle me paraît désormais se diluer dans ladite référence. Je crois que le milieu est plus sot en étant plus efficace."
Michel SERRES. La haute couture de la connaissance, in L’intelligence, Autrement 57/84.

“Ce culte de l'homme a pour premier dogme l'autonomie de la raison et pour premier rite le libre examen. Or, dit-on, si toutes les opinions sont libres, par quel miracle seraient-elles harmoniques ? Si elles se forment sans se connaître et sans avoir à tenir compte les unes des autres, comment ne seraient-elles pas incohérentes ? L'anarchie intellectuelle et morale serait donc la suite inévitable du libéralisme. Tel est l'argument, toujours réfuté et toujours renaissant, que les éternels adversaires de la raison reprennent périodiquement, avec une persévérance que rien ne décourage, toutes les fois qu'une lassitude passagère de l'esprit humain le met davantage à leur merci. Oui, il est bien vrai que l'individualisme ne va pas sans un certain intellectualisme ; car la liberté de la pensée est la première des libertés. Mais, où a-t-on vu qu'il ait pour conséquence cette absurde infatuation de soi-même qui enfermerait chacun dans son sentiment propre et ferait le vide entre les intelligences ?"
DURKHEIM, “L’individualisme et les intellectuels”, in La Science sociale et l’action, PUF 1987, p. 268-272




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Commentaires

C'est bien joli mais vous êtes bien le seul à oser penser comme cela... :-))

Mais non, ce texte rend compte de plusieurs débats publics sur ce thème : de nombreux participants ont forgé ces arguments !

Oui, mais vous devriez justement tirer des leçons de ce que vous communiquent vos participants à travers ces écrits !

C'est bien cela : je synthétise leurs idées de sorte qu'ils me donnent une leçon... que j'essaie de retransmettre. NOUS nous apprenons à penser !

Et MOI j'apprends à faire du tricot ! Je vous proposais il y a quelques temps de participer à un débat qui avait la possibilité et l'opportunité de vous ouvrir à un autre mode de pensée, différent du vôtre justement et de confronter deux "mondes" qui s'évitent soigneusement. Peut-être pour VOUS apporter quelque chose de nouveau dans VOTRE mode de pensée. NOUS enrichir d'une nouvelle forme de pensée mutuellement. J'avoue que je n'arrive pas à vous suivre... c'est déroutant.

Curieux que je n'aie pas de réponse de l'auteur. Ma question vous dérange-t-elle ?

Pourquoi philosopher alors qu'on peut chanter ? Georges Brassens

Quelque chose me chagrine dans ce qu'écrit Mr Housset: "penser, c'est réfuter".
A mes yeux, ce n'est pas tant celui qui conteste et réfute qui pense, mais plutôt celui qui se détache de toute idée préconçue, qui part pour ainsi dire de "rien" afin d'aboutir à "quelque chose".

Comment faites-vous pour vous détacher de toute idée préconçue ?


en matière de recherche du "vrai", il est temps pour la philo de sortir du brassage d'idées pour jeter un coup d'oeil sur ce qu'en disent les sciences :

www.automatesintelligents...

PS : j'oubliais, voici une biblio des travaux récents en la matière :

www.automatesintelligents.com/biblionet/index.html

www.mcxapc.org/

Bien à vous, Véra

Mmmh intéressant ça... Le fait de penser est une conception démontrée, mais les pensées, d'où viennent nos idées et pensées? Nous n'avons jamais été a un point zéro, nous sommes nés avec de l'esprit, que l'on forgera durant notre vie, ok, mais les pensées sont inchangeables, auquel cas nous ne POURRIONS plus penser réellement...

"Hélàs! Ne plus apprendre! Penser!" -Alain fournier


javé une disserte doit on apprendre a penser? et jmen sui bien sorti merci ^^

Ravi de vous avoir été utile. Vous nous direz votre note ?

Quelle différence y a -t-il entre être et penser ?
belle journée
à ceux qui lisent

ou bien :
-quelle différence voyez vous entre penser et suer ?
bon, voilà en passant retrouver trace d'une fugace pensée,
la retrouver, lui sourire,
et la reprendre pour faire avec elle un petit bout de chemin,
la caresser en silence dans le creux de ses membres , la nuit,
au cours d'une promenade parfois , la laisser jaillir et l'exposer à un quidam
qui peut-être refutera,
ou acceptera et fera sienne cette pensée

Pour les institutrices, anciennes institutrices ....
Les professeurs d'histoire et géographie...
A tous ceux qui ont torturé les cerveaux
de nos chers élèves...
...en oubliant la LOGIQUE de notre cher Descartes !!!
> >
Cet étudiant a eu O à son examen; moi, je lui mettais 20 .

> Q1. Dans quelle bataille Napoleon est-il mort?

>
> R. Dans la dernière.

> >
Q2. Où a été signée la Déclaration de l'indépendance?

> R. Au bas de la page.

>
> Q3. La rivière Ravi coule dans quel Etat?
>
R. Liquide.
>
Q4. Quelle est la principale cause du divorce?
>
R. Le mariage.
>
Q5. Quelle est la principale raison d'un échec?
>
R. Un examen.
>
Q6. Qu'est-ce que vous ne pouvez pas manger pour déjeuner?
>
R. Le diner ou le souper.
>
Q7. Qu'est qui`ressemble à une moitié de pomme?
>
R. L'autre moitié.
>
Q8. Si tu immerges une pierre rouge dans la mer bleue, que va-t-elle devenir?
>
R. Simplement mouillée.
>
Q9. Comment peux-tu passer 8 jours sans dormir?
>
R. Sans problème, tu dors la nuit.
>
Q10. Comment peux-tu soulever un éléphant avec une seule main?
>
R. Tu trouveras jamais un éléphant avec une seule main.
>
Q11. Si tu as 3 pommes et 4 oranges dans une main puis 4 pommes et 3 oranges dans l'autre main, qu'est-ce que tu as?
>
R. De très grandes mains.
>
Q12. Si 8 hommes construisent un édifice en 10 heures, combien de temps prendront 4 hommes pour construire ce même édifice?
>
R. Aucun temps, l'édifice est déjà construit.
>
Q13. Comment peux-tu laisser tomber un oeuf cru sur un plancher de béton sans le casser?
>
R. De toutes façons, un plancher de béton, ça casse rarement!

Tout le monde pense mais la pensée est toujours guidée par la société d ou quel sont nos sujets de penser et á. Quoi aboutissent ils vis à vis de nous et surtout des autres(société)

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