La vérité est-elle bonne à dire ?
Par François HOUSSET | Les Textes #40 | 2 commentaires | |
Est-il “bon” de dire la vérité : non seulement communiquer une bonne nouvelle, mais aussi annoncer sa mort prochaine au malade, dévoiler les travers d’un collègue ou la sexualité d’un homme public ? Où doit s’arrêter le souci de vérité de l’honnête homme ?
On vante les vertus de la lumière : éclairer la vérité crue, ne plus rien laisser dans l’ombre, permettrait une meilleure compréhension des choses. La véritable connaissance élargit nos horizons : ne nous cachons rien ! La morale réclame l’honnêteté, cela va de soi. Cependant la perversité humaine fait fi des beaux principes.
Nous sommes libres de mentir dès que nous prenons la parole, et ce pouvoir est formidable. Cette liberté de mentir peut s'avérer très utile. Elle peut sauver des hommes !
“Le principe moral que dire la vérité est un devoir, s’il était pris de manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible. Nous en avons la preuve dans les conséquences directes qu’a tirées de ce premier principe un philosophe allemand qui va jusqu’à prétendre qu’envers des assassins qui vous demanderaient si votre ami qu’ils poursuivent n’est pas réfugié dans votre maison, le mensonge serait un crime.”
Benjamin Constant La France de l’an 1797, sixième cahier n°1 “Des réactions politiques”, p.123
De même qu'un couteau a les mêmes vertus, qu'il soit entre les mains du boucher ou de l'assassin, la vérité a les mêmes vertus, qu'elle soit entre les mains d'une volonté de nuire ou de protéger. Les hommes de pouvoir s'entourent de secret : seuls détenteurs de certaines vérités, ils peuvent maintenir chacun dans l'illusion et ils sont prêts à asséner leurs révélations aux moments propices.
Le droit de savoir devient un vœu pieux. La vérité ne doit pas tomber entre n'importe quelle main ! On se ment donc.
Dilemme : les secrets sont autant dangereux que les vérités. Ils sécrètent leurs poisons (les secrets de famille, par exemple, peuvent pourrir de nombreuses existences) quand certaines vérités sont insupportables...
Toute révélation a des conséquences, qui peuvent être aussi bien bonnes que néfastes. Nous pouvons résoudre le problème à notre guise. Mais comment ? Selon quel critère préfèrera-t-on mentir ou parler vrai ?
On ne mentira pas pour mentir mais pour en tirer profit. Ce n'est donc ni la vérité ni le mensonge qui sont choisis, mais les fins dont ils sont les moyens.
La bonne volonté peut choisir la malhonnêteté pour la bonne cause. On peut mentir innocemment, gentiment, mentir même "de bonne foi" (selon l'expression de Bernard Tapie devant les juges) pour sauver les meubles. Le médecin, sachant qu'une mauvaise nouvelle aggraverait l'état de son patient, préfère "attendre qu'il soit prêt à entendre la vérité" pour la lui divulguer. Il y a des moments de vérité. Il n’y a guère, hélas, que des moments de vérité.
Qui veut la fin veut les moyens. Et se passe de principes.
Perverse éthique, elle renie la morale, et même la condamne ! Adieu la belle morale universelle, qui aurait permis à tous les hommes de vivre sans cachotteries. Inutile de rappeler les principes sacro-saints : le tu ne mentiras point se transforme en fais ce qu’il te plaît de la vérité. Faut-il le déplorer ?
Suivies à la lettre, les belles maximes morales nous mèneraient à la robotisation de notre conscience : nous choisissons de mentir ou pas, pour éprouver notre liberté en nous faisant juge et partie, plutôt que de nous borner à obéir à des principes moraux comme à un programme. La vertu louée devient celle du bon menteur, ou de celui qui sait se taire. Le menteur n’est pas forcément méchant : il n’est pas mauvais, il ne ment pas pour être immoral, quand son souci de ne pas nuire le contraint à mentir.
Libres ( ?) de dire n’importe quoi plutôt que la pure vérité en nous arrogeant le droit de "choisir notre vérité", nous acceptons que des questions restent sans réponse, et nous nous attendons qu’on nous raconte des fables. Nous nous raccrochons à des certitudes illusoires. Le droit à l’erreur (à la faute pour le moraliste) se revendique comme un droit à l’inconscience : “laissez nous dans l’erreur puisque ça nous arrange !”.
Pourquoi parler vrai à qui se contente d’illusions ? Le monde n’est plus qu’un théâtre : il s’agit d’y bien jouer, quand perdre la confiance est pire que de connaître certaines vérités. Étrange et factice confiance basée sur le leurre : nous choisissons d’être complices et nous nous compromettons ! Est-ce bien dans ce choix que s’éprouve notre liberté !?
Jouer publiquement la comédie n’empêche pas de se retrouver chez soi avec la vérité. Tel Galilée répétant aux inquisiteurs que la terre ne tourne pas, puis marmonant dans sa barbe qu’elle tourne tout de même, nous faisons de beaux discours publics convenus, en dépit de la réalité. Voilà le prix à payer pour vivre dans une société de convenances. Douillets que nous sommes : la vérité ferait trop mal ! Pris dans la nécessité de parler, nous tergiversons. En parlant pour ne rien dire (ou ne dire que des mensonges), nous dévalorisons la parole même. Autant se taire.
La rétention d'information mène à la mauvaise conscience : ne pas dire qu’une personne est dangereuse revient à se rendre complice de ses méfaits. Est-il respectable de respectant la loi du silence, qui permet à toutes sortes de mafias de nous pourrir la vie ? N’est-ce pas la lâcheté plutôt que l’éthique, qui nous retient d’endosser le rôle du mouchard ? De la complicité procède la compromission.
Pour cafter, il faut se désolidariser de tout un groupe uni par cette immorale complicité. Il faut affronter une collectivité soudée par de multiples connivences. C’est se mettre en péril grave. Qui ose dénoncer parie qu’une morale peut valoir envers et contre tout. Pari très risqué. Aucune autorité ne nous garantit notre droit à la vérité. Dans la plupart des groupes constitués, la solidarité est telle que les “affaires” n’éclatent que quand il n'est absolument plus possible de les étouffer. La divulgation d’une information capitale peut être suivie de représailles : le “délit d’initié” est puni ! En droit, le mensonge est inacceptable, en fait il est exigé.
Alors on s’arrange : on ne fait pas de morale. On magouille. Pour rester solidaire on accepte d’avoir les mains sales : c’est encore pour la “bonne cause”. Il faut être très courageux pour être honnête. Il faut aussi être très courageux pour falsifier la réalité au nom de la vie sociale.
François Housset
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ENCORE FAIM ? LISEZ !
Platon : Hippias mineur 367c : montre que paradoxalement celui qui ment (en connaissance de cause) est meilleur que celui qui est bêtement dans l’erreur. Étonnant. Le menteur cherche toujours le bien. Le menteur est instruit et a besoin de vérité : il sait, lui, que la possession du vrai est bonne.
Corneille : Le Menteur : le héros accumule les mensonges sans paraître immoral. Conclusion : “Vous autres qui doutiez s’il en pourrait sortir / Par un si rare exemple apprenez à mentir”
Kant : Projet de paix perpétuelle, Fondements de la métaphysique des mœurs ; et particulièrement Sur un prétendu droit de mentir par humanité .
Le mensonge est toujours intolérable, même quand on prétend qu’il ne nuit pas à autrui. “Il nuit en effet toujours à autrui ; même s’il ne nuit pas à un autre homme, il nuit à l’humanité en général en ce qu’il rend impossible la source du droit.” Le mensonge nuit à l’humanité en tant qu’il ruine la communication sans laquelle la notion d’humanité perd sa signification.
“Celui qui ment, quelque bien intentionné qu’il puisse être, doit répondre des conséquences de son mensonge devant la cour de justice civile, et en payer le prix, quelque soit leur caractère imprévisible. Car dire la vérité constitue un devoir qui doit être considéré comme la base de tous les devoirs qui sont à fonder sur un contrat, et dont la loi, si on y tolère ne serait-ce que la plus petite exception, est rendue chancelante et vaine.
C’est donc un commandement de la raison sacré, absolument impératif et que ne peut limiter aucune convenance, que d’être honnête dans toutes ses affirmations.”
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"Un exemple historique de conflit de devoirs nous est fourni par le débat entre Benjamin Constant et Kant sur le mensonge. Kant se jugea visé par un passage d'un article de B. Constant en 1797 et rédigea, pour lui répondre, son écrit Sur un prétendu droit de mentir par humanité. La question débattue s'énonce : faut-il se soumettre sans condition à l'interdiction de mentir, au point de dire à un meurtrier poursuivant un de nos amis et nous interrogeant, si celui-ci s'est réfugié dans une maison voisine ? En répondant négativement, Benjamin Constant subordonnait la règle formelle de véracité absolue à la considération des conséquences réelles de son application et s'appuyait sur la thèse que le devoir est corrélatif du droit et que, par suite, nous ne devons la vérité qu'à ceux qui y ont droit parce qu'ils parlent et pensent eux-mêmes conformément au devoir. Au contraire, Kant répond positivement en alléguant cette vérification morale que le mensonge rend le menteur responsable des conséquences du mensonge en tant que mensonge. S'il arrivait que notre ami fût sorti de la maison sans que nous le sachions et qu'à la suite de notre réponse le meurtrier, le rencontrant au dehors, le tuât, nous serions, par notre mensonge, intervenu comme cause dans la série des événements, complice de ce meurtre; d'autant plus qu'il aurait très bien pu se faire que l'assassin, entrant dans la maison à la suite de notre réponse, y fût mis hors d'état de nuire. On voit qu'en alléguant d'autres possibilités réelles que celle qu'avait admise Benjamin Constant, ce que Kant cherche, c'est à discréditer la considération de ces conséquences matérielles pour né retenir que celle du devoir formel, dont la lésion nous rendrait responsable. Le devoir de l'individu est de ne pas se tacher d'une faute, quoi qu'il arrive : la considération de la dignité de l'agent supprime celle de l'efficience de l'acte. Mais, pense Benjamin Constant, le souci de conserver cette innocence morale doit-il entraîner un mal réel, et, il ajouterait, certain, car il suppose la connexion nécessaire de la réponse faite au meurtrier et du meurtre ? Comme conclusion à ce débat, type des débats de cette famille, nous marquerons que le formel et le réel, et généralement deux règles, comme «il faut dire la vérité» et «il faut protéger les innocents contre les criminels» ne sont en contradiction nécessaire qu'à raison de la condition, reconnue par Kant, suivant laquelle est exclu tout autre parti que oui ou non."
René Le Senne, Traité de morale générale. P.U.F. (1942), 2e éd. 1947, pp. 618-619.
QUAND MENTIR ?
"En s'écartant, même sans le vouloir, de la vérité, on contribue beaucoup à diminuer la confiance que peut inspirer la parole humaine, et cette confiance est le fondement principal de notre bien-être social actuel ; disons même qu'il ne peut rien y avoir qui entrave davantage les progrès de la civilisation, de la vertu, de toutes les choses dont le bonheur humain dépend pour la plus large part, que l'insuffisante solidité d'une telle confiance. C'est pourquoi, nous le sentons bien, la violation en vue d'un avantage présent, d'une règle dont l'intérêt est tellement supérieur n'est pas une solution ; c'est pourquoi celui qui, pour sa commodité personnelle ou celle d'autres individus, accomplit, sans y être forcé, un acte capable d'influer sur la confiance réciproque que des hommes peuvent accorder à leur parole, les privant ainsi du bien que représente l'accroissement de cette confiance, et leur infligeant le mal que représente son affaiblissement, se comporte comme l'un de leurs pires ennemis. Cependant, c'est un fait reconnu par tous les moralistes que cette règle même, aussi sacrée qu'elle soit, peut comporter des exceptions : ainsi - et c'est la principale - dans le cas où, pour préserver quelqu'un (et surtout un autre que soi-même) d'un grand malheur immérité, il faudrait dissimuler un fait (par exemple une information à un malfaiteur ou de mauvaises nouvelles à une personne dangereusement malade) et qu'on ne pût le faire qu'en niant le fait. Mais pour que l'exception ne soit pas élargie plus qu'il n'en est besoin et affaiblisse le moins possible la confiance en matière de véracité, il faut savoir la reconnaître et, si possible, en marquer les limites."
John Stuart Mill, L'utilitarisme
Un esclave n'a pas le droit de dire la vérité si elle n'agrée pas ses maîtres.
EURIPIDE, Fragments.
JE DIS VRAI QUAND JE DIS CE QUE JE CROIS -SI JE CROIS EN AUTRUI
« Je puis vouloir une éclipse, ou simplement un beau soleil qui sèche le grain, au lieu de cette tempête grondeuse et pleureuse ; je puis, à force de vouloir, espérer et croire enfin que les choses iront comme je veux ; mais elles vont leur train. D'où je vois bien que ma prière est d'un nigaud. Mais quand il s'agit de mes frères les hommes, ou de mes sœurs les femmes, tout change. Ce que je crois finit souvent par être vrai. Si je me crois haï, je serai haï ; pour l'amour, de même. Si je crois que l'enfant que j'instruis est incapable d'apprendre, cette croyance écrite dans mes regards et dans mes discours le rendra stupide ; au contraire, ma confiance et mon attente est comme un soleil qui mûrira les fleurs et les fruits du petit bonhomme. Je prête, dites-vous, à la femme que j'aime, des vertus qu'elle n'a point ; mais si elle sait que je crois en elle, elles les aura. Plus ou moins ; mais il faut essayer ; il faut croire. Le peuple, méprisé, est bientôt méprisable ; estimez-le, il s'élèvera. La défiance a fait plus d'un voleur ; une demi-confiance est comme une injure ; mais si je savais la donner toute, qui donc me tromperait ? Il faut donner d'abord. »
ALAIN
JE DOIS SYNCHRONISER MA PAROLE AVEC CELLE DES AUTRES
“...Cela fait partie de mon bonheur de donner mes soins à ce que beaucoup d’autres comprennent comme moi, de sorte que leur entendement et leurs désirs s’accordent avec mon entendement et mes désirs.”
Spinoza . "Traité de la réforme de l’entendement" , § 14
La vérité est faite d'une accumulation de suppositions et de légendes que les pères repassent aux fils comme des souvenirs de famille et qui, à son insu, lentement, sont devenues son armature.
Georges COURTELINE. La philosophie de Georges Courteline (Flammarion).
On a si peu l'habitude du vrai que la moindre vérité, même le plus placidement émise, prend tout de suite un air d'insolence.
Fernand VANDEREM.
Si je tenais toutes les vérités dans ma main, je me donnerais bien garde de l'ouvrir pour les découvrir aux hommes.
FONTENELLE. Par amour de la paix.
ON NE PEUT CONVERTIR PERSONNE...
“Dans les espaces immenses de l’erreur, la vérité n’est qu’un point. Qui l’a saisi ce point unique ? Chacun prétend que c’est lui; mais sur quelle preuve ?... Chaque homme répond de son âme. C’est donc à lui seul, à se décider sur un choix, d’où dépend à jamais sa perte ou son salut. Vous voulez m’obliger à penser comme vous ! Et si vous vous trompez, voyez ce qu’il m’en coûte !“
"Marmontel" , Belisaire, 1767
...ET POURTANT ON LE FAIT :
La vérité est une belle chose, mais “il n’est pas facile cependant de la faire croire à autrui” : il faut savoir mentir pour la faire accepter. Pour être avalée de plein gré, la vérité doit être enrobée : le législateur doit “inventer pour le bien, en s’adressant à la jeunesse, une fiction mensongère”, il doit “savoir quelle croyance, donnée par lui à la Cité, réaliserait pour elle le plus grand bien”
Platon Lois, II, 663d-664a)
“ Personne n’ignore qu’il y a deux entrées par où les opinions sont reçues dans l’âme, qui sont ses deux principales puissances, l’entendement et la volonté. La plus naturelle est celle de l’entendement, car on ne devrait jamais consentir qu’aux vérités démontrées ; mais la plus ordinaire, quoique contre la nature, est celle de la volonté. Car tout ce qu’il y a d’hommes sont presque toujours emportés à croire non par la preuve, mais par l’agrément. Cette voie est basse, indigne, et étrangère ; aussi tout le monde la désavoue. Chacun fait profession de ne croire et même de n’aimer que ce qu’il sait le mériter. ”
Pascal , De l’esprit géométrique et de l’art de persuader, Oeuvres Complètes, II, Pléiade, ed. Le Guern, p.171)
LA VÉRITÉ EXISTE-T-ELLE ?
La vérité existe. On n'invente que le mensonge.
Georges BRAQUE. Pensées sur l'Arts (Confluences n°4).
“Je compte parmi ceux qui croient que la vérité, telle que la prêchent les hommes de science, n’est souvent rien de plus que la somme des préjugés engendrés par les conceptions politiques et sociales dominantes. En ce sens, la pratique de la science est comparable à toute activité humaine créative. Mais la validité d’une conception générale n’est pas une garantie en ce qui concerne ses applications particulières...”
Stéphen Jay Gould
“La raison sert à découvrir la vérité ou l’erreur. La vérité ou l’erreur consistent dans l’accord et dans le désaccord soit avec les relations réelles des idées, soit avec l’existence réelle et les faits réels. Donc tout ce qui n’est pas susceptible de cet accord et de ce désaccord ne peut être ni vrai ni faux et ne peut jamais être un objet de notre raison.”
Hume Traité de la Nature humaine. L III, 1è part, section III
“Le jugement est une décision mentale par laquelle nous arrêtons de façon réfléchie le contenu d’une croyance et nous le posons à titre de vérité.”
Lalande , Vocabulaire.
“Le langage humain est sorti du cri des animaux et en garde les caractères. Il exprime les passions, les besoins, la joie et la douleur, la haine et l’amour. Il n’est pas fait pour dire la vérité.”
A. France , La vie en fleurs.
“Les vérités sont des illusions dont on a oublié qu’elles le sont. La vie est la condition de la connaissance. L’erreur est la condition de la vie.”
Nietzsche . La volonté de puissance. II
La vérité est indépendante des faits. Il lui importe peu d'être réfutée. Elle se trouve toujours dépossédée quand elle est proférée.
Lawrence DURREL. Balthazar.
“On peut comparer la philosophie à des poudres si corrosives, qu’après avoir consumé les chairs baveuses d’une plaie, elles rongeraient la chair vive, et carieraient les os, et perceraient jusqu’aux moelles. La philosophie réfute d’abord les erreurs, mais si on ne l’arrête point là, elle attaque les vérités : et quand on la laisse faire à sa fantaisie, elle va si loin qu’elle ne sait plus où elle est, ni ne trouve plus où s’asseoir.”
P. BAILLE Dictionnaire historique et critique
LOUÉE SOIT LA VÉRITÉ !
“Je juge que dans l’univers il n’y a rien qui soit plus vrai que le bonheur, ni plus heureux et plus doux que la vérité.”
Leibniz , De l’origine radicale des choses.
La vérité est si obscure en ce temps et le mensonge si établi, qu'à moins d'aimer la vérité, on ne saurait jamais la connaître.
Pascal, Pensées.
Le principal usage que nous faisons de notre amour de la vérité est de nous persuader que ce que nous aimons est vrai.
Pierre NICOLE. De la Connaissance de Soi.
“Jésus-Christ n’est pas venu nous apprendre les mathématiques, la philosophie, et les autre vérités qui par elles mêmes sont assez inutiles pour le salut”
Malebranche , Conversations chrétiennes, VII
La vérité est comme Dieu : elle ne se montre pas à visage découvert.
GOETHE. Maximes et Réflexions.
La vérité est comme la religion ; elle n'a que deux ennemis : le trop et le trop peu.
Samuel BUTLER. Nouveaux Voyages en Erewhon.
“Les doctrines religieuses sont soustraites aux exigences de la raison; elles sont au-dessus de la raison. Il faut sentir intérieurement leur vérité; point n’est nécessaire de la comprendre... Puis-je être contraint de croire à toutes les absurdités ? Il n’est pas d’instance au-dessus de la raison.”
FREUD
Le mensonge est la religion des esclaves et des patrons (...) La vérité est le Dieu de l'homme libre.
M. GORKI (1868-1936), "Les Bas-Fonds", acte IV, sc. 1. Satine
LA DÉSILLUSION
Une chose n'est pas nécessairement vraie parce qu'un homme meurt pour elle.
Oscar WILDE. L'esprit d'Oscar Wilde, cit. L. Treich.
Ce qui probablement fausse tout dans la vie c'est qu'on est convaincu qu'on dit la vérité parce qu'on dit ce qu'on pense.
Sacha Guitry. Toutes réflexions faites.
Les vérités n'ont pas, comme on se l'imagine, la résistance d'un Mathusalem. Une vérité de complexion normale vit d'ordinaire mettons 17, 18, tout au plus 20 ans, rarement davantage.
Henrik IBSEN. Un ennemi du peuple.
Ce que nous dénommons vérité n'est qu'une élimination d'erreurs.
Georges CLEMENCEAU. Aux embuscades de la vie.
Leçon numéro un : si l’on refuse l’illusion de la foi, les consolations de Dieu et les fables de la religion, si l’on préfère vouloir savoir et qu’on opte pour la connaissance et l’intelligence, alors le réel nous apparaît tel qu’il est, tragique. Mais mieux vaut une vérité qui désespère tout de suite et permet de ne pas perdre complètement sa vie en la plaçant sous le signe du mort-vivant qu’une histoire qui console sur le moment, certes, mais fait passer à côté de notre seul vrai bien : la vie ici et maintenant.”
Michel Onfray , "Traité d’athéologie". Grasset 2005, p. 97-98
“La preuve de l’existence d’une vérité se réduit souvent à la somme des erreurs répétées devenues un jour une vérité convenue. De l’inexistence probable d’un individu dont on raconte le détail sur plusieurs siècles sort finalement une mythologie à laquelle sacrifient des assemblées, des cités, des nations, des empires, une planète. Les évangélistes créent une vérité en ressassant des fictions.”
Michel Onfray , Traité d’athéologie. Grasset 2005, p. 159
Désormais, sous prétexte de laïcité, tous les discours se valent : l’erreur et la vérité, le faux et le vrai, le fantasque et le sérieux. Le mythe et la fable pèsent autant que la raison. La magie compte autant que la science. Le rêve autant que la réalité.” “Faut-il rester neutre ? Doit-on rester neutre ? A-t-on encore les moyens de ce luxe ? Je ne le crois pas...”
Michel Onfray , Traité d’athéologie. Grasset 2005, p. 261
... J’avais observé tant de légèreté et de frivolité et aussi tant de facilité à croire les fables les plus ineptes et à les décroire le lendemain sans plus de raison, tant de jugements faux acceptés comme vérités d’Évangile, tant de passions furieuses soulevées par des rumeurs... tant de haines cuites et recuites dans les chaudières d’anciens ressentiments, enfin, tant de cabales et de complots... que je croyais avoir touché le fond de ces aberrations à ne plus pouvoir m’en étonner.
Robert Merle . Fortune de France. Le Lys et la Pourpe.
DE LA VÉRITÉ PROCÈDE LA JOIE
“L’erreur n’est pas quelque chose de positif”
Spinoza Les principes de la philosophie de Descartes, I, 15
Quand je changeais l’ignorance en savoir, quand j’imprimais dans un esprit vierge des vérités, je créais quelque chose de réel.
Simone de Beauvoir . Mémoires d’une jeune fille rangée.
La vérité ? Un coup de couteau qui peut débrider parfois une plaie, crever un abcès.
Henri DUVERNOIS. Beauté.
LA VÉRITÉ SE DÉMONTRE
“Une démonstration n’est pas autre chose que la résolution d’une vérité en d’autres vérités déjà connues.”
Leibniz . Lettre à Conring, 1678
MARRE DE LA VÉRITÉ !
Parmi tous ceux qui font profession d'être insupportables, le chercheur de la vérité est certainement parmi les plus désolants.
Pierre MAC ORLAN.Poésies documentaires. Le puits de la Vérité.
Le stupide et le bel esprit sont également fermés à la vérité. Il y a seulement cette différence qu'ordinairement le stupide la respecte et que le bel esprit la méprise.
Malebranche.
La vérité n'a de prix que dans la bouche des menteurs. Pour les autres, où est le mérite ?
Etienne REY.
Ce qui arrête souvent de dire la vérité, c'est qu'elle ressemble trop au mensonge des autres.
Maurice DONNAY. L'esprit de Maurice Donnay, cit. Léon Treich (Gallimard).
Personne ne meurt aujourd'hui de vérités mortelles ; il y a trop de contre-poisons.
Nietzsche. Humain, trop humain.
Il n’y a de terrible en nous et sur la terre et dans le ciel peut-être que ce qui n’a pas encore été dit. On ne sera tranquile que lorsque tout aura été dit, une bonne fois pour toutes, alors enfin on fera silence et on aura plus peur de se taire.
Céline. Voyage au bout de la nuit.
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